Elevage : l’urgence et la nécessité de la durabilité

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Communiqué de presse

Rouen, le 4 février 2016

Le Ministre de l’agriculture reconnait lui-même que « la situation est pire » que ce qu’il pensait : 35 000 élevages porcins, bovins ou laitiers, soit un sur cinq en France, sont aujourd’hui au bord de la faillite, dont un grand nombre en Normandie, historique région d’élevage.

Les élus Normandie écologie sont inquiets des conséquences tant sociales qu’environnementales de ce véritable plan de licenciements. Ils s’inquiètent qu’une solution durable ne semble mise en avant ou envisagée ni par les représentants de la profession ni par le Ministère de l’agriculture au point qu’on peut légitimement se poser la question :

s’agit il de sauver l’élevage ou d’accompagner les élevages les plus fragiles vers la sortie ?

Ainsi, alors que le prix du lait est en chute libre du fait de la course à la surproduction des pays du nord de l’Europe, personne ne met en question l’arrêt des quotas, co-décidé par la France en 2008.
Le prix du porc, revenu à 1 euro, est lui victime des engagements non tenus des industriels « bien de chez nous » mais aussi de la concurrence par le « low cost » et la « low qualité » consécutive aux choix libéraux et productivistes des gouvernements européens.

Dans un tel contexte, les « solutions » qui consistent à soulager temporairement les trésoreries, si elles ne s’accompagnent pas de réformes de fond, sont des cautères sur des jambes de bois.

La diminution des cotisations sociales et le refus des règles environnementales servent de dérivatif et ne sont pas plus des solutions durables. Elles reviennent à prôner moins de régulations au profit d’une fuite en avant (agrandissements, volumes..) qui bénéficiera au final aux plus gros, au détriment de l’emploi paysan, de la qualité et de la valeur ajoutée des productions.

Les élus régionaux Normandie écologie sont solidaires des éleveurs qui revendiquent des prix rémunérateurs pour des productions de qualité.

Ils demandent au Ministère de l’agriculture et au Président de la Région Normandie de faire mieux que « soulager les douleurs » ou pousser au crime. Ainsi en est-il des incitations à toujours plus « investir » pour s’agrandir, s’industrialiser et s’inscrire dans une course aux volumes dont le prix est .. la disparition du voisin, de l’emploi paysan et toujours plus .. de charge de dette !

Le véritable plan d’urgence pour l’élevage passe par la durabilité.

A contrario des violences inacceptables de ces derniers jours, il nécessite plus d’écoute, plus de dialogue. C’est la profession dans sa diversité, avec les filières, avec les acteurs de la qualité, avec les acteurs publics, qu’il faut mettre autour de la table. Et agir :

  • pour tordre le bras de la « banque verte », des abatteurs et des transformateurs qui pensent profit de court terme et se fichent des hommes et des femmes qui ne vivent plus de leur travail
  • pour obtenir des prix qui couvrent les prix de production
  • pour développer l’autonomie fourragère et protéique des fermes
  • pour réorienter les productions au plus près de la consommation et créer de nouveaux outils locaux de transformation
  • pour faire le pari de la montée en gamme, promouvoir une marque normande associée à des signes de qualité (alimentation du bétail sans ogm ..)
  • pour accompagner fortement tous les éleveurs volontaires à la conversion de leurs systèmes vers l’agriculture biologique, plus protectrice des effets de la libéralisation des marchés et plus rémunératrice.

Dans un tel contexte, les élus Normandie écologie exhortent le Président de la Région à consolider les efforts entrepris ces dernières années pour faire évoluer les politiques des deux régions normandes en faveur de l’anticipation et de l’accompagnement de la transition de la ferme normande vers la durabilité des systèmes d’exploitation.

Caroline Amiel, Laetitia Sanchez et Claude Taleb

Conseillers régionaux Normandie Ecologie

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