Assemblée plénière – Région Normandie – 23 juin 2016 – Intervention de Caroline Amiel sur la mobilité hydrogène

Assemblée plénière Région Normandie – 23 juin 2016

LES STATIONS ET VÉHICULES HYDROGÈNES

Intervention de Caroline AMIEL sur la délibération « Programme Européen de mobilité hydrogène Normand EAS-HyMob »

Monsieur le Président,

Vous nous demandez d’adopter les dispositifs et modalités d’intervention de la Région en faveur de l’acquisition  de  stations  et  de  véhicules  hydrogènes  ainsi que d une aide au financement de véhicules appropriés dans le cadre du programme européen  Eas- Hymob, le tout pour quelques 3,5 millions d euros. C est un pari….
Vous nous présentez le dossier comme  « une réelle opportunité pour  la région  d’améliorer  la  qualité de l’air  des  grands  centres  urbains  et d’augmenter  l’indépendance énergétique par  rapport  aux carburants fossiles. » Certes c est une des voies possibles.
Vous vantez l’autonomie de cette technologie :   l’hydrogène permettrait  de prolonger l’autonomie des véhicules électriques de 180 km à 300-500km. …
Je  me permet de vous informer que  la   Tesla modèle X,  bénéficie déjà d une autonomie de 489 km… Et que l’autonomie de l’ensemble des voitures électriques est amenée à progresser dans les années à venir …
Enfin, c’est indéniable , le temps de recharge sera limité à quelques minutes contre plusieurs heures pour les modèles à batteries.

Alors me direz vous pourquoi les écologistes sont ils si réservés sur la filière hydrogène ?

Vous n évoquez à aucun moment dans le dossier proposé au vote,  le choix de la méthode de production d hydrogène qui alimentera les stations que vous nous proposez de financer  …
Or, Vous n êtes pas sans savoir qu il existe plusieurs modes de production dont certains ne sont pas, mais alors pas du tout décarbonés ! L’hydrogène est aujourd’hui fabriqué – à 95 % – par craquage d’hydrocarbures (gaz naturel en majorité), donc en émettant du CO2. La fabrication d’hydrogène à partir de biomasse ou d’électricité renouvelable  est possible mais la compression de ce gaz très léger engendre  une consommation d’énergie supplémentaire de 50%. Parallèlement le stockage et le transport de l’hydrogène sont aujourd’hui eux aussi très énergivores.
La seule production acceptable qui permettrait de présenter cette filière comme vraiment décarbonée et non polluante est celle faisant intervenir l’électrolyse de l’eau grâce à une électricité d’origine renouvelable …. C est en effet possible en Normandie, nous avons tous les atouts pour y arriver. Mais il faut l’exiger ( peu probable qu Air liquide le propose d’emblée) ou y travailler en parallèle.
Enfin, nous attirons votre attention sur le fait que l’hydrogène, même produite de manière propre, n’engendrera pas une diminution de la place de la voiture individuelle en ville. Même « propre », la voiture sera toujours grande consommatrice d’énergie et de matières premières non renouvelables.
 La relocalisation de l’économie, le développement des transports en commun et des modes doux sont les seules alternatives soutenables aujourd’hui pour améliorer la qualité de l air de nos villes.

Ainsi , sous réserve d avoir l’assurance que le choix de  la production de l’hydrogène utilisé sera réfléchis,  et que ce choix ne sera pas celui du soutien indirect à l’énergie nucléaire,
Nous voterons cette délibération parce qu elle permet de diversifier l’offre énergétique en Normandie  et peut contribuer à l’autonomie de notre région.  Mais nous nous permettons de vous rappeler une fois encore,  qu’en matière d’énergie,  la meilleure est celle que l’on ne consomme pas, que cela reste possible en cherchant des alternatives,  ici, en l’occurrence, le ferroviaire, les transports doux dans nos métropoles et la relocalisation de l’économie.

Caroline AMIEL, Groupe Normandie Ecologie – EELV

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