Fragiliser les droits n’est pas une solution pour l’emploi
Le Premier Ministre a annoncé ce mardi une série de réformes relatives au droit du travail.
Ces annonces sont marquées par l’idée, évidente selon le Premier Ministre, selon laquelle le droit du travail – c’est-à-dire l’ensemble des protections attachées aux salarié-e-s dans le cadre du contrat de travail – serait un frein à l’embauche, du fait, toujours selon les déclarations du Premier Ministre, de leur rigidité.
Vice-président de la Région Basse-Normandie chargé depuis 2004 de la formation tout au long de la vie, et particulièrement de la formation des demandeurs d’emploi, je peux témoigner quecette analyse est une profonde erreur et que les mesures proposées par le Premier Ministre ne changeront, hélas, rien à la situation de l’emploi dans notre pays.
Celles et ceux qui se sont penchés, ces trente dernières années, sur la question du chômage de masse savent parfaitement que ce n’est pas en abaissant les droits des salariés que l’on créé de l’emploi. Que les revendications très idéologiques du MEDEF – qui ne représente pas, loin de là, tout le patronat – n’ont aucun sens sur le plan économique. Que fragiliser plus encore l’ensemble des salariés a pour effet mécanique de ralentir l’économie, parce qu’elle brise la demande intérieure et freine, dès lors, la relance de l’activité.
Le premier point d’une politique sérieuse de l’emploi devrait être d’agir sur le carnet de commandes des entreprises. C’est normalement le rôle d’un gouvernement sérieux que de le comprendre et le faciliter, au lieu de quoi celui-ci a déjà entériné des baisses considérables des dotations aux collectivités, qui pénaliseront l’investissement local et l’emploi.
Les annonces du Premier Ministre sont à l’opposé de ce qu’il serait urgent d’engager : une politique offensive de relance et d’investissements publics, une stratégie publique associant l’État et les collectivités pour la transition écologique – qui, elle, créerait véritablement des emplois, durables et non délocalisables – pour le soutien à l’activité et à l’innovation économique, pour la sécurisation des salariés et la formation des demandeurs d’emploi.
Rogner les droits et les protections des salariés, modifier les seuils sociaux et satisfaire les revendications les plus radicales de la faction la plus conformiste du patronat n’amènera ni la croissance ni l’emploi. C’est une immense erreur de politique économique et sociale, ignorante des leçons à tirer des politiques conduites depuis dix ans en France comme en Europe.
Je m’opposerai, comme vice-président chargé de la formation et des politiques de l’emploi, mais également comme candidat des écologistes aux élections régionales de décembre prochain, aux propositions du Premier Ministre, pour ce qu’elles signifient de régression sociale et d’inefficacité économique.