Gaz de schiste : la double peine

En juin dernier, la publication des permis de recherche d’hydrocarbures liquides ou gazeux, dans l’esprit de la future réforme minière visant à plus de transparence, a permis aux élus locaux et aux habitants de nos territoires de découvrir qu’en France, comme ailleurs, il y a du pétrole ! Notamment en Normandie, dans le Pays de Bray.
D’aucuns s’en réjouissent, arguant de l’indépendance énergétique, de la manne financière providentielle, arguments si séduisants surtout par temps de crise … Et qui voudraient nous faire oublier que la combustion des énergies fossiles génère des gaz à effets de serre contribuant au dérèglement climatique.
La plupart de ces gisements sont en fait des hydrocarbures non conventionnels, appelés « hydrocarbures de roche-mère » ou « gaz et huiles de schiste ». Et si l’actualité se bouscule autour de leur exploitation – avec en point d’orgue la Journée de mobilisation internationale contre la fracturation hydraulique « Global Frackdown Day » ce samedi 22 septembre – c’est que leur extraction est excessivement polluante (bien plus que celle du pétrole conventionnel).
Les conclusions du récent rapport de la commission européenne sur l’impact environnemental de l’exploitation
des gaz de schiste (1) sont sans appel soulignant la nocivité de la fracturation hydraulique. Cette technique vise
à fissurer la roche en injectant, en profondeur, de grandes quantités d’eau à forte pression, eau à laquelle sont
ajoutés des additifs chimiques (jusqu’à 700). Cela génère, non seulement un appauvrissement de la ressource
en eau (2), mais aussi une dégradation de sa qualité, l’eau restituée aux nappes phréatiques étant irrémédiablement polluée. Les risques de contamination des sols et de l’air sont eux aussi jugés trop élevés.

Et que penser des secousses sismiques provoquées par la fracturation hydraulique dans le nord de l’Angleterre !
Avec ces « nouveaux » gisements, le pétrole resterait tout aussi polluant lors de sa combustion, et dégraderait
encore plus fortement l’environnement lors de son extraction : c’est la double peine.
L’indépendance énergétique, la vraie, passe évidemment d’abord par une diminution des consommations inutiles (économies d’énergie et effi cacité énergétique) et par l’utilisation des énergies renouvelables dont les sources sont illimitées et qui pourront donc être utiles aussi aux générations futures.
Elle ne doit pas se faire au détriment de l’environnement et encore moins au sacrifice de la ressource en eau pour un « bénéfice » à court terme, jusqu’à épuisement total des gisements.

 

Myriam TOULOUSEPorte Parole EELV – 76

Véronique MOINETPorte-parole Groupe Local EELV – Pays de Bray

 

1- http://ec.europa.eu/environment/integration/energy/unconventional_en.htm
2- La fracturation hydraulique consomme chaque année, aux Etats-Unis, la même quantité d’eau
douce qu’une ville de plus de 5 millions d’habitants. source Le Monde 14/09/2012
http://www.lemonde.fr/planete/article/2012/09/14/faut-il-avoir-peur-du-gaz-deschiste_1759902_3244.html#ens_id=1651542&xtor=RSS-3208

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