inauguration du palais des sports : non au détournement des valeurs du sport

Le Palais des sports de la CREA sera inauguré samedi et jouit déjà d’une riche polémique : coûts de construction dépassés, polémique sur le nom concédé au privé, capacités d’accueil finales inadaptées aux grandes compétitions internationales… Les élus écologistes de la CREA , qui ont dénoncé le contrat de naming passé à l’automne entre la CREA et l’entreprise Ferrero, revendiquent une autre vision du sport dans notre agglomération, parce que le sport a besoin de place, mais pas sous cette forme.

Sport business ?

Alors que nombre d’équipements portent les noms de grands hommes et femmes du monde sportif, notre agglomération a fait le choix du « Kindarena », contrat musclé avec l’entreprise Ferrero à l’appui.

Le recours au financement privé pour un équipement sportif peut s’entendre en période où l’argent public est rare. Il est juste particulièrement dérangeant quand le financement exclusivement public d’un stade (50 millions d’euros payés par les contribuables) est récupéré par une entreprise qui paie seulement une redevance équivalente à un tiers du fonctionnement annuel (entre 420 et 500 000 euros / an jusqu’en 2021, soit un total de 4.6 millions d’euros) en échange d’un quasi-rapt commercial.

Cette décision constitue non seulement une gabegie publique, mais un détournement orchestré des fonds publics, qui a choqué nombre de citoyens de l’agglomération et au delà3. Ce mauvais choix est la conséquence d’une suite d’irresponsabilités : explosion des coûts fonciers en amont de la construction, manque de cohérence d’ensemble qui génère des impacts écologiques importants et des déplacements polluants, réalisation sans démarche collaborative et sans concertation avec les acteurs du sport pour penser une programmation adaptée et rentable…

Sport pour tous ?

Le sport tient une place incontournable dans notre agglomération, où 65% des habitants exercent, à un niveau différent, une activité sportive. C’est cette réalité que la CREA doit prendre en compte dans sa politique sportive, en répondant aux besoins de tous ses acteurs et utilisateurs. Après l’élargissement de notre agglomération à 70 communes, nous attendons un projetcohérent et équilibré.

La CREA revendique un équipement de rayonnement. Se construit-il au détriment des acteurs sportifs du territoiredes clubs amateurs, du monde scolaire, du monde socio-éducatif ? Quelle place et quels moyens la CREA envisage-t-elle de donner au sport de proximité et au lien social qu’il permet ? Les petits clubs sportifs ne doivent pas payer les dépenses inconsidérées de la CREA avec son Palais, alors même qu’ils verraient leurs tarifs de location augmenter. Ils ont besoin d’être soutenus financièrement et humainement, pour que les valeurs du sport perdurent au quotidien.

Sport santé ?

Les politiques de santé publique, financées par les contribuables, incitent à favoriser le bouger mieux au détriment du manger mal et à toute heure. Le sport peut en effet jouer un rôle-clé dans l’apprentissage des bons comportements alimentaires, chez les jeunes notamment. Ici c’est clairement le serpent qui se mord la queue : les contribuables financent des campagnes de sensibilisation dont les messages sont contredits à chaque déplacement au Palais des sports, lui-même financé par des fonds publics. Le rôle de la CREA n’est pas d’accompagner l’opération de communication d’une entreprise d’agroalimentaire, mais de défendre le sport comme un élément de santé publique. A l’instar de l’interdiction de la publicité pour le tabac ou l’alcool dans les stades, on ne peut autoriser l’incitation à consommer des produits mauvais pour la santé.

La politique sportive de la CREA ne doit pas se réduire à un outil au service de son rayonnement. Il faut penser le sport pour tous, en s’appuyant sur les valeurs qu’on lui connait et les moyens qu’il mérite.

Pour le groupe des élus EELV de la CREA ,
Jean-Michel BEREGOVOY,
Vice-Président à l’égalité et la lutte contre les discriminations

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