La région Normandie reprend la gestion des trains Intercités : plus que du matériel, les usagers attendent surtout une amélioration du service

La région Normandie reprend la gestion des trains Intercités : plus que du matériel, les usagers attendent surtout une amélioration du service

L’Etat s’engage à financer l’achat de trains neufs pour la Normandie (entre 600 et 700 millions d’euros). En échange de quoi la région prendra la gouvernance des trains Intercités sur les lignes Paris-Caen-Cherbourg et Paris-Rouen-Le Havre.

C’est une première, qui pose plusieurs questions.

Les écologistes saluent tout d’abord l’intérêt de M. Morin pour la question ferroviaire (voyageurs), bien qu’il revendique pour lui-même une décision prise par ses prédécesseurs.

Toutefois, si la fusion des lignes TER/TET semble être un facteur de rationalisation et d’économie, plusieurs questions se posent.

Quelle responsabilité financière est désormais reportée sur la région ?

Que devient le tronçon Paris Mantes de la phase 1 de la LNPN ? Si celui-ci ne devait jamais se réaliser, ce qui est envisageable, qu’en sera-t-il de la dette de l’Etat vis-à-vis de la région ?

Si la région Normandie devient Autorité Organisatrice du Transport Interrégional, quels seront les rapports de la région Normandie avec la région Ile de France et le Syndicat des Transports d’Ile de France (Stif) pour le tronçon Bonnières-Mantes-Paris ? Ce tronçon représente en effet près de la moitié des voyageurs de la ligne.

Une négociation sera-t-elle possible entre ces AOT, notamment sur la gestion des abonnements ? Les usagers de Vernon connaissent à l’heure actuelle la double peine d’un service dégradé (ponctualité, fréquence…) et d’un abonnement double (Atoumod pour la Normandie et Navigo en Ile de France).

Rappelons que Europe Ecologie – Les Verts est favorable au développement de trains rapides (jusqu’à 220 km/h) sur tout le territoire, y compris en alternative à la construction de coûteuses nouvelles lignes à grande vitesse (voir notre site: destrainspourtous.fr). Ils contribuent à l’équilibre des territoires, en desservant des villes oubliées par la grande vitesse et sont également plus accessibles financièrement.

Ces Intercités rapides, fréquents, confortables et fiables sont une alternative aux autocars et à l’avion sur les moyennes et longues distances. C’est également le mode de transport le moins polluant.

Cependant, cette nouvelle étape dans la régionalisation des transports risque de nous conduire vers une dégradation plus profonde du service public ferroviaire national, aggravée par une certaine divergence des 13 politiques régionales de mobilité.

Avec des autorités organisatrices différentes, des matériels différents, comment assurer une cohérence et une continuité du service sur le territoire national ? Comment répartir économiquement la gestion et l’entretien des matériels et assurer en outre la formation des personnels, sur des matériels et sous des autorités hétérogènes ?

Cette « macronisation » d’un service public nous dirige vers un avenir complexe et coûteux.

A l’échelle de la région Normandie, le focus porté sur les lignes interrégionales Paris-Le Havre et Paris-Cherbourg nous fait craindre des difficultés financières concernant les autres lignes :

– Quel avenir pour les trains TET Paris- Granville et Caen- Tours ?

– Quelle réflexion concernant la liaison inter régionale Rouen- Amiens ?

– Et pour ce qui concerne les services intra régionaux, quels moyens resteront disponibles pour l’amélioration de la liaison Caen-Rouen, ou la recréation d’une ligne Rouen-Evreux ?

Pour nous écologistes, « faire préférer le train » au plus grand nombre, c’est mettre en œuvre pour les usagers les améliorations décisives qu’ils attendent :

Un cadencement régulier et sans creux, de 6h du matin à minuit (selon le modèle suisse par exemple, l’un des plus performants) ;

Des correspondances efficaces : si la région devient Autorité organisatrice de tous les transports terrestres (trains, cars…), ce point peut rapidement se voir amélioré ;

Des tarifs lisibles et incitatifs, avec une politique d’abonnements à la hauteur.

Pour pouvoir « espérer qu’avant 2020, la Normandie ait enfin des conditions de transport dignes de ce nom« , il faudra que le service aux usagers soit enfin la priorité de la région ! Cadencement, Amplitude, Correspondances, Tarifs, en seront les sésames.

Laetitia SANCHEZ, Conseillère régionale

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